LE 29 NOVEMBRE 2011 15H08 | PAR
FRANÇOIS KOCH
Le message du trio de dignitaires français, qui s’expriment à titre personnel mais dont l’influence dans la maçonnerie européenne est forte, est brutal. On peut le résumer ainsi : les dérives de la GLNF sont connues depuis 20 ans, la GLUA les a superbement ignorées et c’est donc à vous de tout mettre en œuvre pour cela cesse. On a sans doute jamais parlé ainsi à un dignitaire de la GLUA.
Ce trio de maçons se connaissent bien. Depuis longtemps. Lorsqu’ils étaient Grands Maîtres de leurs obédiences respectives, Bauer et Barat étaient complices. Ils avaient ensemble combattu les dérives des fraternelles… et de la GLNF. Quant à Bauer et Dachez, ils ont écrit à quatre mains de nombreux ouvrages.
Cette tonitruante initiative épistolaire tombe au plus mal pour le Grand Maître de la GLNF François Stifani, alors qu’il doit réunir le 3 décembre 2011 une Tenue Annuelle Solennelle, où les délégations étrangères devraient être relativement peu nombreuses.
L’initiative pourrait-elle faire bouger la GLUA ? Selon mes informations, le courrier adressé le 10 novembre 2011 à Alan Englefield, Grand Chancellier (en charge des relations internationales), bénéficierait déjà de soutiens au sein même de la GLUA. C’est ainsi qu’il circule en Angleterre. Et que La Lumière a pu s’en procurer un exemplaire.
En voici une traduction en français :
« Maçons Libres », ne représentant et n’engageant que nous-mêmes mais ayant exercé des responsabilités diverses dans la Franc-Maçonnerie française, nous avons décidé de vous écrire au sujet du scandale maçonnique sans précédent en Europe, et notamment en France, qui a éclaté depuis quelques mois au sein de Grande Loge dite « régulière » dans notre pays.
Ce conflit navrant, dont quelques détails vous sont sans doute connus, dépasse à présent de très loin le seul monde de la « régularité maçonnique » et ne concerne pas seulement les relations entre la Grande Loge Unie d’Angleterre et la France. Les innombrables péripéties de cette querelle ont été reprises par la presse écrite, la radio et la télévision et sont aujourd’hui une cause de honte, de colère et de profonde affliction pour les 150 000 Francs-Maçons français, hommes et femmes de toutes Obédiences, tous également dignes et respectables, qu’ils soient « réguliers » ou non.
Malheureusement, par votre attentisme, votre indifférence ou votre trop grande confiance dans le système de régularité, vous n’avez pu enrayer une évolution qui, sous couvert de votre autorité morale, aboutit aujourd’hui à un désastre sans précédent. La première victime, salie et humiliée par ces événements, est la Franc-Maçonnerie française tout entière, sachez-le.
En formulant il y a environ de 80 ans – en 1929 exactement – les « Basic Principles » sur lesquels repose désormais le système international de la « régularité maçonnique », vous avez consacré une cassure tragique dans l’univers maçonnique, rompant avec la souplesse de relations grâce à laquelle, depuis toujours, la Franc-Maçonnerie, en Grande-Bretagne et ailleurs, avait pu à la fois développer sa diversité et conserver son lien d’origine avec l’esprit de sa fondation anglaise. Il ne suffit malheureusement pas qu’un Grand Maître vous assure que les « Basic Principles » sont respectés par sa Grande Loge pour que tout ce qui s’y passe soit conforme au droit et la morale la plus élémentaire. Si l’on juge l’arbre à ses fruits, le système que vous avez mis en place il y a moins d’un siècle produit aujourd’hui des fruits amers. Il est sans doute temps de le réviser, mais c’est à vous seuls qu’il appartient d’en décider. Dans l’immédiat, en tout cas, vous ne pouvez méconnaître le devoir qui est le vôtre de tout mettre en œuvre, dans la mesure de vos moyens, afin que cesse au plus tôt le scandale actuel. Il est clair que pour y parvenir vous ne pouvez pas seulement compter sur les clans issus de l’effondrement de la Grande Loge régulière, groupes rivaux qui s’affrontent parfois rudement, en espérant tous votre « reconnaissance ». Ce n’est pas en reconduisant un système manifestement à bout de souffle que vous sortirez durablement de l’ornière.« VOIR ICI LE
COURRIER ENVOYÉ LE 10.11.2011 : Bauer-Dachez-Barat à la GLUA