mercoledì 18 maggio 2011
Rite Ecossais Ancien et Accepté.
Il serait prétentieux d'aborder en quelques pages un Rite aussi complexe que le R.E.A.A., aussi tenterons nous de résumer son histoire et la spécificité qu'il incarne au sein de la Franc-maçonnerie traditionnelle.
Définitions
Le mot Ecossais est difficile à définir, et il évoque un système concurrent du système anglais,né en Ecosse au XVI ème siècle qui est apparu en France dans le milieu des Stuartistes réfugiés à St Germain en Laye, à la fin du 17 ème siècle, d'où ont essaimé de nombreuses Loges à Paris , telle le Louis d'Argent, avant l'apparition d'une autre Maçonnerie d'origine anglaise. Le terme écossais a été relié secondairement au système de Hauts Grades, l'Ecossisme, apparu aux environs de 1740, sans référence géographique.
Le terme Ancien se rapporte à la Grande Loge des Anciens, fondée par Laurence DERMOTT, mais après la Grande Loge moderne de Londres. Les rapports très complexes entre Modernes et Anciens rendent difficile toute distinction nette. Cependant, on peut reconnaître aux Anciens une spécificité traditionnelle, éprise de rigueur.
L'épithète Accepté , se réfère à l'acceptation dans les Loges symboliques, de membres extérieurs au Métier, dirigeants politiques, aristocrates,... ce qui a certainement favorisé l'essor des Hauts Grades de l'Ecossisme.
Histoire du rite
1 ) L'écossisme naît donc en France dans la deuxième moitié du 18ème siècle, et dans une Europe en plein bouleversement politique et social, alors que se répand la Maçonnerie anglaise sur le continent. Les partisans des Stuart créent des Loges, qui seront à l'origine de la G.L. Provinciale de France en 1736.
2) Le Chevalier Ramsay, d'origine écossaise, qui s'installe en France, se convertit au catholicisme, devient disciple de Fénelon, va donner une impulsion nouvelle à la F.M. Dans un discours retentissant prononcé en 1737, il se propose de donner à la F.M. une dimension universelle, une philosophie et une spiritualité associées à la fraternité, qui transcenderaient les patries pour « réunir les esprits et les coeurs ».
Cependant, la paternité de Ramsay dans l'histoire du processus fondateur de l'Ecossisme reste très discutable, même s'il a ouvert un nouvel espace spirituel pour une maçonnerie spéculative, d'inspiration chevaleresque, autre que celle du Métier, et une règle de réflexion et d'action.
3) Le Rite de Perfection.
La naissance du Rite aux environs de 1740 est l'oeuvre du Comte de Clermont, qui crée un grade supérieur au 3ème degré, celui de Maître écossais, puis d'autres degrés liés aux conséquences de la cérémonie du troisième degré.
C'est ainsi que naît le Rite de Perfection en 25 degrés qui réunit de 1740 à 1760 des degrés apparus en divers lieux de France, mais très semblables. En 1780 le Rite de Perfection du Chapitre de Clermont devient le Conseil des Empereurs d'Orient et d'Occident.
L'organisation du Rite est un système aristocratique et hiérarchique. La Loge n'est plus la propriété de son Vénérable.La Loge écossaise désigne un président pour une année et tire sa légitimité de la possession de constitutions issues d'une Loge mère qui transmet les rituels qu'elle utilise.
L'Ecossisme reçoit tous les apports de la Tradition immémoriale, et la démarche écossaise propose une véritable progression structurée vers la Connaissance.
Il s'agit, au-delà de la construction du Temple, de s'élever vers le Divin, « parce que Dieu est en l'Homme,et que cette immanence est le reflet de sa transcendance » rappelle Paul NAUDON.
4) La naissance du Suprême Conseil de Charleston.
En même temps qu'il se développe en France, l'Ecossisme franchit l'Océan et essaime en Amérique, grâce à Etienne MORIN, initié probablement à Bordeaux, qui effectue de nombreux voyages aux Antilles et fonde à St Domingue une Loge écossaise et symbolique . Après avoir participé aux Constitutions de Bordeaux, il présente à St Domingue le Rite de Perfection en 25 degrés. Son député FRANCKEN part en Amérique du Nord en 1767, et il patente une Loge de Perfection et un Grand Chapitre de Sublimes Princes du Royal Secret.
C'est de lui que part le R.E.A.A. puisque FRANCKEN patente, à son tour, les « onze gentlemen de Charleston ». John MITCHELL et Frédéric DALCHO constituent en 1801 le premier Suprême Conseil (S.C. ) dont est membre le Comte Auguste DE GRASSE-TILLY, arrivé à St Domingue en1789 pour régler un héritage, et gendre de DELAHOGUE
5) Auguste DE GRASSE-TILLY, va fonder, en 1802, un S.C. des Indes Occidentales françaises ,(S.C. des Iles Françaises d'Amérique du vent et sous le vent) . Il revient en France pour fonder le Suprême Conseil pour la France, en 1804, et essaime plusieurs S.C. en Europe.
Rappelons que GRASSE-TILLY avait été initié à Paris dans une Loge où il fréquenta notamment LA FAYETTE.
En 1806, il laisse la place à CAMBACERES. Le Suprême Conseil sera dirigé ensuite par le Duc DECAZES , qui redonne vigueur au Rite, et par d'autres Souverains Grands Commandeurs, dont VIENNET, qui auront à lutter contre diverses tentatives de mainmise.
En 1894, le S.C. délègue ses pouvoirs sur les trois premiers degrés à la Grande Loge de France ( G.L.F.), mais en 1965, devant le refus de la G.L.F. de rompre ses relations avec le Grand Orient (G.O.), un millier de Frères quittent la G.L.F. et rejoignent la Grande Loge Nationale Française (G.L.N.F.)
Le S.C. de la G.L.F. est déclaré irrégulier par les S.C. américains, canadien, et hollandais. Le Suprême Conseil pour la France est alors organisé par le Souverain Grand Commandeur Charles RIANDEY, et souché sur la G.L.N.F.
6) Les fondements constitutionnels des Suprêmes Conseils du R.E.A.A.
Ils reposent sur les Constitutions de 1762 et les Grandes Constitutions de 1786, qui confèrent, exclusivement, leurs caractéristiques et leur entité aux Suprêmes Conseils.
-Les Constitutions de 1762 ( Bordeaux) créent et organisent ce qui doit être une société d'initiés, le Rite qui est divisé en 25 degrés, et en 7 classes, avec une répartition des pouvoirs visant à créer un Centre relié à la Tradition, et dont dépend tout le Rite.
-Mais à la suite de conflits et de rivalités, une nouvelle organisation, dirigée par Frédéric ii de Prusse ,crée, à Berlin, les Grandes Constitutions de 1786, seules lois fondamentales de l'Ordre, qui ordonnent la hiérarchie en 33 degrés, affirment les valeurs essentielles du Rite, et représentent le ciment de tous les S.C. du R.E.A.A. unis sous la même devise : « Ordo ab Chao, Deus Meumque Jus ».
Spécificités
1) Sources du Rite .
De nombreux courants initiatiques ont participé à la structure du Rite, et on peut affirmer que l'Ecossisme a reçu des apports de nombreuses Traditions:
• Egyptienne avec son rameau hermétique
• Grecque, orphique et pythagoricienne
• Hébraïque avec sa branche Cabbalistique
• Chrétienne avec l'Alchimie
Et surtout Chevaleresque à travers les influences teutoniques et templières.
Le R.E.A.A. réalise, en fait, une rigoureuse unité totalité, et se définit comme un Ordre initiatique, traditionnel, maçonnique, chevaleresque, international, et universaliste.
2) Le but.
Le but final du R.E.A.A. est , comme le précisent les Grandes Constitutions de 1786, « l'union, le bonheur, le progrès, et le bien être de la famille humaine, en général, et de chaque homme individuellement ».
La démarche initiatique du Rite se fait à la Gloire de Grand Architecte de l'Univers, dont l'interprétation est du seul ressort de chacun, avec la présence en Loge du Volume de la Loi sacrée, la Bible, ouvert sur l'Autel des serments.
L'initié entame une quête spirituelle, à travers la recherche de la Parole perdue, qui transcende progressivement son individualité, et l'élève au niveau de l'absolu, en réconciliant la matière et l'esprit, vers cette intelligence que l'on désigne comme le Principe, vers ce que l'on peut définir comme l'état du Saint-Empire, dont le mythe peut être considéré comme le fondement de l'Ecossisme.
Quelle que soit la complexité d'une telle approche, le Saint-Empire ,qui implique une certaine idée de la Tradition et le sens de la réalisation spirituelle sur le plan ésotérique, ne peut être dissocié d'une réalité historique qui a voulu réunir l'autorité spirituelle et le pouvoir temporel.
Les débuts, l'histoire et la décadence du Saint Empire romain germanique, s'inscrivent essentiellement entre l'aventure de Frédéric II de Hohenstaufen, au treizième siècle, qui rêve la dimension spirituelle d'un Saint- Empire, synthèse des modèles perse, romain , byzantin et de l'islam, dont l'Empereur est le médiateur entre le Ciel et la Terre, et Frédéric II de Prusse ,qui signe les Grandes Constitutions.
Comme le rappelait le T.ILL.F. Bernard Guillemain : « Deux traditions ,l'une politique, l'autre spirituelle du Saint-Empire ont coexisté. Les Grandes Constitutions de 1786 formulent une version de la tradition spirituelle ».
C'est dire combien le concept d'imperium inspire progressivement les degrés de l'Ecossisme, jusqu'à devenir le mythe du Saint-Empire, alors que s'éloigne le mythe d'Hiram, et comme tout mythe, il nous invite à découvrir sa somme ésotérique, à nous donner accès à une dimension autre, et à révéler l'immanence du Principe. Cet empire chacun doit d'abord le construire individuellement, par la possession des fonctions royale et sacerdotale, dans une tension permanente vers l'Absolu, mais cette réalisation personnelle doit déboucher sur une action collective, créant une fraternité à travers une vision sacrée du monde, vers l'unité des peuples et de la société. Aussi bien sur le plan temporel que spirituel, l'Empire est un monde organisé autour d'un centre.
3) La méthodologie.
La méthode écossaise est basée sur une conception traditionnelle de l'homme : corps, âme, et esprit, et sur des voies de réalisation spirituelle correspondantes, voies de connaissance, d'amour, et d'action, hiérarchisées mais en fait étroitement mêlées.
La démarche initiatique écossaise, propose une progression lente et structurée vers la Connaissance en trente trois degrés, qui sont autant d'états à réaliser, pour créer dans l'être un certain degré de plénitude.
Ces états sont à l'image des voyages décrits par Dante, dans la Divine Comédie, et ils amènent l'initié à des purifications successives, après des étapes de dégradation puis de perfectionnement vers sa source, l'immanence divine reflet de la transcendance. Cette progression passe par un développement harmonieux, et une éthique élargie, bien au -delà d'une simple morale. Elle n'est nullement dogmatique, et il appartient à chacun de chercher sa propre vie spirituelle en toute liberté, nul ne pouvant se substituer à l'autre.
Le R.E.A.A., placé sous l'égide du G.A.D.L.U., a d'abord pour but de faire comprendre l'ésotérisme des trois premiers degrés symboliques, qui demeurent des degrés essentiels , et les Hauts Grades qui leur succèdent permettent d'approcher progressivement l'ésotérisme des degrés symboliques, notamment à travers les problèmes posés par la cérémonie du troisième degré.
La hiérarchie des trente trois degrés , pyramide avec base et sommet, se décompose ainsi :
• Les Loges de Perfection, ou degrés Salomoniens, ateliers du 4ème au 14 ème degré.
• Les Chapitres, ateliers du 15ème au 18ème degré.
• Les Aréopages , ateliers du 19 ème au 30 ème degré .
• Les Tribunaux, atelier du 31ème degré.
• Les Consistoires, atelier du 32ème .
• Le Conseil suprême, atelier du 33 ème .
Cette hiérarchie est couronnée, par le Suprême Conseil qui détient, sous la direction du Très Puissant Souverain Grand Commandeur, la responsabilité exclusive de la conservation de la doctrine, et du gouvernement de l'Ordre, à l'intérieur comme à l'extérieur de la Juridiction.
Un Atelier ne peut qu'examiner une demande ou une proposition, et formuler un avis. Seul le Suprême Conseil a pouvoir de décision, et exerce une souveraineté aristocratique.
Quant à ses rapports avec le monde profane, l'Ecossisme ne s'autorise pas une intervention directe dans le monde. Tout le travail en Loge est basé sur un perfectionnement constant de l'initié, et aucune discussion politique, confessionnelle, ou autre n'est autorisée. Ce n'est pas pour autant que le maçon écossais doit rechercher une vie érémitique, bien au contraire. Son travail de distanciation d'avec l'événement, lui permet l'éthique et le recul nécessaire avant de s'impliquer personnellement, et peut, en actualisant la voie intérieure, l'aider à devenir un modèle.
Deux cents ans après sa création, le R.E.A.A. nous confirme aujourd'hui encore sa fonction de gardien de la Tradition, et sa vocation à l'universel.