Le Député Grand Maître d’Honneur Jean-Claude TARDIVAT a démissionné hier de la Grande Loge Nationale Française (GLNF). L’ancien n°2 de l’obédience ne faisant pas les choses à moitié, il a communiqué la nouvelle par courrier à toutes les Grandes Loges de la planète. Jean-Claude Tardivat, 75 ans dont 30 à la GLNF démissionne donc, car c’est selon lui le seul moyen de se débarrasser du titre de Député Grand Maître d’Honneur dont il ne voulait plus (il avait déjà démissionné de ses fonctions de Député Grand Maître en janvier dernier). J’ai obtenu copie de sa lettre de démission de la GLNF (voir ci-dessous) qui fera date dans la crise de la GLNF dont l’intensité augmente encore 20 mois après son déclenchement.
Cette démission est d’importance, car ce frère était chargé des relations internationales de l’obédience depuis fort longtemps (et ce jusqu’en mai dernier). Tardivat ne veut plus avoir à représenter loyalement une obédience qui vient de perdre sa reconnaissance de la Grande Loge Unie d’Angleterre (GLUA), mais aussi de celles d’Ecosse et de l’Irlande notamment.
« UNE RÉACTION PUÉRILE D’AMOUR PROPRE »
Quand Tardivat écrit « Trop c’est trop« , il fait avant tout référence au courrier de François Stifani qui dit avoir suspendu le 14 juillet les relations de la GLNF avec la GLUA (voir ici la lettre de François Stifani à la GLUA datée 14 juillet 2011 [*]). Et Tardivat de confirmer ce que déclarait ici Roger Dachez (dès le 1er août) : François Stifani a voulu faire croire qu’il avait suspendu le premier ses relations avec la GLUA or c’est exactement l’inverse. La lettre de la GLUA est daté du 20 juillet… et le courrier de François Stifani a été envoyé, par mail, le 21 juillet. L’analyse de Tardivat est, cette fois, cinglante : « Sur la forme et sur le fond, cette réaction puérile d’ amour-propre entachée d’une manipulation des dates est indigne d’un Grand Maitre respectable mais elle me semble le reflet de sa personnalité : François Stifani détient seul la vérité, tous les autres ont tort.«
Dans son courrier du 24 juillet, François Stifani avait dénoncé en Jean-Claude Tardivat un membre du « complot » contre la GLNF. L’intéressé réplique en affirmant qu’il n’a jamais été un opposant actif. Au contraire, il souligne : « A la demande des Assistants Grand Maître et Grands Maîtres Provinciaux et avec le soutien de François Stifani, j’ai accepté une mission de rassemblement et de médiation. Malheureusement, cette mission a été sabordée par les décisions et sanctions arbitraires prises par un Grand Maître persuadé qu’il est victime d’un complot. » Las, Tardivat ne veut plus servir d’alibi à personne, manifestement agacé que son nom soit si abondamment utilisé comme une caution, notamment par les 15 Grands Maîtres Provinciaux frondeurs ou par quelques rares nostalgiques de Jean-Charles Foellner (le précédent Grand Maître), sans qu’il puisse lui-même s’exprimer librement.
François STIFANI « semble DÉVORÉ par la DÉMESURE de son EGO »
La conclusion de Jean-Claude Tardivat apparaît sans appel, démontrant pour ceux qui en douteraient qu’avec sa démission il quitte la prudence toute diplomatique qui caractérisait son expression publique, surtout vis-à-vis de François Stifani : « Je n’ai plus aucun respect pour la gouvernance actuelle de la GLNF et il m’est impossible de cautionner passivement les multiples déviations qui entraînent un tel gâchis et mènent à l’isolement et l’irrégularité. Je me sens donc dès maintenant délié de mes serments vis à vis de celui qui se prétend « Grand Maître » et qui semble dévoré par la démesure de son ego et une obsession de la persécution, régnant sans partage et surtout sans aucune considération pour les Frères.«
VOIR ICI LA LETTRE DE DÉMISSION de JEAN-CLAUDE TARDIVAT envoyée aux GRANDES LOGES du Monde : JCT aux GL 10.08.2011
LA question qui se pose après la démission de Jean-Claude Tardivat, c’est : que ce passera-t-il après ? C’est indéniablement une claque pour le Grand Maître François Stifani. C’est aussi une défection pour les 15 Grands Maîtres Provinciaux qu’il soutenait (avec Alain Juillet et Jean-Paul Pérès). Quant à l’opposition d’origine, celle de FMR et des Myosotis (Claude Seiler et Dominique Moreau), elle perd sans soute un allié objectif interne. Tardivat, désormais libre de parole et de ses obligations de loyauté vis-à-vis du Grand Maître, deviendra-t-il un opposant externe actif au niveau international ?
[*] Dans ce courrier, François Stifani nous fait l’honneur (c’est devenu une habitude) de citer notre hebdomadaire : « L’Express, magazine en difficulté financière« . Que les lecteurs de L’Express, comme ceux de ce blog, se rassurent: L’Express ne souffre pas de difficulté financière