« Je ne quitterai pas pour l'heure la GLNF qui m'a vu naître en FM, comme elle avait vu naître mon bien aimé père avant moi.
Ce dernier avait cette formule déconcertante que beaucoup considéraient comme choquante mais réaliste: mon fils méfie toi de tes frères!
Pour autant et en ce qui me concerne je crois en notre fraternité et ceux qui me connaissent personnellement le savent bien. Celui qui était mon père puis mon frère et à qui on a pu reprocher à tord son pessimisme est décédé brutalement voici deux ans en me laissant cet héritage que je considère comme philosophique. Je le défends, coûte que coûte, et excusez moi de vous présenter de manière triviale son message - mais ce sont ses mots - et qu'on peut résumer ainsi: il y aura toujours 99% de cons partout où tu iras.
Considéré comme plutôt marginal, un "outsider", quelqu'un de "politiquement incorrect", celui qui ne rentre pas dans le jeu, mon père a toujours refusé les honneurs que nous procurent notre appartenance à un Ordre vénérable, dont la plupart d'entre nous ignorent malheureusement aujourd'hui les origines, le fondement et la finalité:
S'améliorer soi-même, avec et pour les autres (même si souvent ils sont ton enfer), dans le cadre d'une institution la plus juste possible, sous le regard de Dieu, Grand Architecte de l'Univers, avec l'aide de notre intelligence et de notre volonté, fragile mais soutenue par Sa Volonté révélée, quoi que plus simple et quoi de plus difficile, m'avait-il un jour écrit.
Je ne sais à quel point mon père avait raison dans son excès, car les honneurs sont aussi des charges, mais quelle éthique formidable ne m'a t'il pas transmit là ! En effet, si nous sommes tous imparfaits, pour ne plus dire cons (et il est bien entendu pas question pour moi de m'exonérer d'un tel état de fait, de me prétendre au-dessus de la cohorte des 99%, mais de le savoir) il s'agit alors de reconnaitre, sans pour autant nous niveler par le bas, que nous sommes tous logés à la même enseigne dans notre pauvreté, humaine et spirituelle. Il ne devrait donc plus exister, selon sa théorie, ni jalousie, ni ambition démesurée, ni racisme, ni antisémitisme ou xénophobie quelconque, ni encore aucune illusion ou utopisme sur un système qui, restant forcément humain, qu'il soit social, politique ou spirituel, ne sera jamais parfait. Je rajouterai que cet imparfait, en nous et dans le monde, ne nous appelle pas tant à la perfection mais plutôt à la Sainteté et que le mal sera toujours là, tout près de nous et en nous.
Bizarrement, dans le même ordre d'idée et présent dans notre culture familiale, le fondateur du scoutisme, Lord Baden-Powell, savait et nous avait appris à son école, version catholique, qu'il fallait plutôt voir le bien que le mal dans une personne, fut-elle la pire des crapules; celle qu'on pouvait considérer, sans doute à juste titre, comme mauvaise, écrivais BP, a toujours au moins 5% de bon en elle. Ce sont alors ces 5% de bon dans chaque personne ou dans chaque chose qu'il 'agit de découvrir, puis de développer et de faire fructifier. Là encore, appel à la Sainteté, à la bienveillance et au pardon.
La plupart des choses que j'ai pu lire sur les blogs, les actes de trahison ou de lâcheté dont j'ai été le témoin, les excès de langage que j'ai entendus, les ambitions démesurées et la folie perverse et narcissique au sommet de la pyramide, ainsi qu'à la base, que j'ai constatées, tout cela me confirme l'existence de cette part maudite, fragile et influençable dans l'être humain. Tout cela a pourtant aussi permis de faire tomber bien des masques et de découvrir des attitudes nobles et courageuses. Ce dégrisement était pour moi nécessaire. Même s'il ne restait que ces 5% de bon en nous, c'est sur cet espoir qu'il s'agit désormais de s'appuyer.
Mes frères, je vous aime et je vous exhorte à maintenir vos forces à l'intérieur de notre Obédience pour un combat qui devra laver notre honneur et celui de notre maison. Mais ne nous faisons pas d'illusions, le résultat ne sera jamais plus blanc que blanc.
Je ferai donc ce constat plutôt alarmant : quel gâchis nous apprêtons-nous à réaliser! Quelle misère, mes frères, si nous entrions dans cette voie de division sans perspective de retour! Misère spirituelle que quelques uns exploitent à leur profit. Je m'interroge aussi sur ce qui m'apparait de plus en plus comme une manipulation qui vise à nous priver d'une fraternité si chèrement acquise au fil de notre histoire bientôt centenaire.
Quelles sont ces illusions qui ont capté notre attention, nous ont capturés et nous mènent désormais en bateau, je ne sais où ? Extirpé de force l'Esprit de la matière? Sortir d'Egypte? Retrouver la pureté rituelle ou la liberté?
Non, il s'agit tout simplement d'une guerre des chefs!
Changeons de regard, par exemple constatons combien cette crise a permis aux Frères de s'approprier enfin leur maison! La vraie liberté n'est-elle pas là plus que dans le jugement à l'emporte pièce contre un certain décorum, qui fut certes une inflation de vanités, mais qu'on peut ranger dans les coulisses de notre histoire ou remettre à sa juste place.
Nous avions perdu pour la plupart notre bon notre bons sens, habitués que nous étions à nous soumettre ou à nous démettre. Aujourd'hui, allons-nous de nouveau perdre la main après tous ces sursauts. Esperance et désespérance se succèdent bon train, ne portons attention qu'à ce qui nous donnent de la dignité.
Dans toutes nos gesticulations je ne nous crois pas capable de nous en sortir sans un retour à un peu plus d'humilité et de raison. Je l'espère mais il est vrai que je ne fais confiance ni à ce petit groupuscule interne qui s'accroche, qui nous manipule tous (y compris et surtout au sein du SGC) et qui croit encore détenir un pouvoir ordinal, ni à ceux qui veulent nous entrainer dans l'aventure d'une nouvelle obédience exempte des turpitudes humaines! Je resterai donc à la GLNF et, malgré le qualificatif de cocu que j'ai lu récemment concernant ceux qui sont restés fidèles à notre maison et à notre idéal d'union, je voterai de nouveau et de nouveau jusqu'à ce que le ménage soit fait dans notre maison. Je ne quitterai pas un navire pris dans une tempête.
Sur terre et sur mer, au pays comme à l'étranger, marin sois fidèle à tes frères, car tu as promis naguère de servir et de protéger.
Certains croient pourtant avoir enfin retrouvé la voie de la libération, celle qui leur permettra de maçonner en paix et en confiance au sein de leurs Loges avec le sentiment de s'être extirpé d'un sac de crabes. Entre ceux qui crie à la profanation et ceux qui, dans un optimisme béat qui frise le ridicule, croient pouvoir, en se retirant, faire en si peu de temps, mieux, une fédération de Loges se référant à l'idée d'une "Alliance fraternelle", mais qui au demeurant ne cessent de dénigrer sans connaitre les réels opposants au pouvoir actuel qui luttent légitimement depuis des décennies, la voie réelle, sincère et pragmatique est pour moi toute trouvée.
Demandons nous pourquoi cet empressement, hic et nunc, même justifié par les exclusions, radiations, mises en sommeil, qui n'ont aucune valeur dans notre situation et qui seront levées par un le seul GM capable de nous réunir si nous nous donnons la peine de le soutenir. Pourquoi donc cet empressement, est-ce au nom d'un retour à la régularité et à la reconnaissance internationale alors que nous savons tous pertinemment que nous retrouverons notre place au sein des Grandes Loges régulières si Jean Murat est notre nouveau Grand Maître. Quand le GO de France retira la Bible de ses ateliers et de sa constitution la phrase « La Franc-maçonnerie a pour principe l'existence de Dieu et l'immortalité de l'âme », en 1877, la GLU d'Angleterre donna 30 années à la grande Obédience française pour rétablir sa régularité. Pour nous trois années de lutte nous semblent bien suffisantes pour nous déterminer. Le temps aurait donc disparu. L'instant seul compterait. Cette inflation du temps, du tout et tout de suite, ne nous conduira nulle part.
De tous ceux qui ont agis depuis le début de la crise seuls quelques uns on su raison garder, c'est à dire ne pas succomber au chant des sirènes qui nous manipulent et nous mentent.
Gérard Ramond avait déjà tenté de s'opposer aux dérives mafieuses d'un clan. De nombreuses démissions de TTRRFF auraient déjà du, à l'époque et bien avant, nous alerter, par exemple celles d'Alexandre de Yougoslavie et de Pierre Marion, pour ne citer qu'eux. Puis ce fut Jean Murat qui prit le risque d'affronter la pieuvre. Sa constance, sa détermination mais aussi sa finesse, grâce à laquelle il a su éviter les excès susceptibles de le voir supprimer de la course, firent qu'il pu se maintenir et être toujours là aujourd'hui, avec les mêmes objectifs et la même foi. Le soutien de Ramon à Murat le prouve.
Le parachutiste que j'ai été vous dit alors dans un langage peu châtié je l'avoue: arrêtons de tortiller du cul pour chier droit. Voici qu'il devient possible de guérir la maladie qui nous ronge depuis plus de vingt ans. Si Dieu écrit droit avec des lignes courbes, d'où nous viennent ces scrupules et ce puritanisme. Les propagandes opposées nous poussent à la division. Résistons ensemble, non pas pour une révolution de palais mais pour une restauration!
J'ai envie de vous faire partager cette pensée de Martin Heidegger puisée à la première page de son Holzwege et qui je l'espère pourra faire réfléchir ceux qui croient s'embarquer dans une voie de salut univoque ... "Dans la forêt, il y a des chemins qui, le plus souvent encombrés de broussailles, s'arrêtent souvent dans le non-frayé. On les appelle Holzwege. Chacun suit son propre chemin, mais dans la même forêt. Souvent il semble que l'un ressemble à l'autre. Mais ce n'est qu'une apparence. Bucherons et forestiers s'y connaissent en chemins. Ils savent bien ce que veut dire : être sur un Holzwege, sur un chemin qui ne même nulle part. "
L'homme restera homme, capable du meilleur comme du pire, parole de bucheron! »
(Tratto da: http://le-myosotis-dauphine-savoie.over-blog.com/)